SONAPRA: le fameux audit ciblé

INTERVIEW EXCLUSIVE DU DÉPUTÉ IDRISSOU BAKO
Après maintes tentatives, c’est le mardi dernier que l’honorable Idrissou Bako a décroché notre appel pour nous inviter à son cabinet sis à Zogbo Sètovi pour la journée d’hier à 14 heures. Mais il nous a avertis de sa volonté de ne pas répondre par voie de presse, du moins pour le moment, du contenu du dernier conseil des ministres sur les audits de la Sonapra.
Hier donc, nous étions dans le cabinet de l’ancien directeur de la Sonapra. Même s’il a été très peu bavard, nous avons pu avoir de lui les raisons de son silence après ce communiqué du conseil des ministres et une vue sommaire de sa ligne de défense dans ce dossier. Le député de la première circonscription conditionne son intervention dans le dossier à une précision qu’il attend du cabinet Mazars.
Idrissou Bako veut simplement que le cabinet affirme, devant les caméras d’une télé à la face du monde, que c’est bien sur la base du rapport final de ses travaux que le conseil des ministres s’est autorisé à s’attaquer à leur image, les livrant ainsi, à tort, à la vindicte populaire. On peut déduire de cette position du député qu’il met au défi le cabinet Mazars d’accéder à cette requête.
Une intervention donc des responsables dudit cabinet aidera à situer les responsabilités dans ce dossier qui défraie la chronique. On saura enfin si le gouvernement de Patrice Talon est bien fondé à tenir les propos contenus dans le communiqué de ce conseil des ministres. Plus que jamais, la balle est dorénavant dans le camp du cabinet Mazars. En attendant, lire ci-après l’interview exclusive de l’ancien Directeur général de la Sonapra.
*Le Béninois Libéré* : Honorable député, depuis quelques jours votre nom fait la Une des journaux dans cette affaire relative au communiqué du conseil des ministres de la semaine passée. Mais depuis vous n’avez pas affiché une position claire sur la question. Qu’est-ce qui peut expliquer ce silence-là quand on sait que l’honorable Bako à la moindre attaque réagit et de façon succincte ?
*Honorable Idrissou Bako* : Merci beaucoup monsieur le journaliste. Vous avez entièrement raison. Il faut dire premièrement que cette histoire a commencé depuis la 2ème partie du mois de juin. On était en plein dans le mois de ramadan. Et pour un musulman, le mois de ramadan c’est le mois de solidarité, le mois de paix, de partage et d’amour. Donc, on ne peut pas se mettre dans une posture de répondre aux provocations. Deuxièmement, au moment où le conseil des ministres se tenait sur l’affaire Sonapra, nous n’étions pas sur le territoire national. Ça peut expliquer aussi le retard de notre réaction. Et troisièmement pour finir, il faut comprendre que le chef de l’Etat Patrice Talon ne se portait pas très bien. Et pour tout Béninois, on doit en tenir compte dans nos agissements. Voici donc pourquoi nous avons gardé ce calme. Mais nous continuons également à garder le calme parce que comme tout Béninois lambda, nous avons eu le compte-rendu du conseil des ministres relatif au rapport d’audit déposé par le cabinet Mazars. Moi, je veux simplement une chose avant de pouvoir réellement me prononcer : que le premier responsable du cabinet Mazars vienne devant les écrans et qu’il certifie que le rapport étudié en conseil des ministres est réellement son rapport définitif. J’insiste sur le mot définitif parce qu’en matière d’audit, il y a une déontologie. Si c’est son rapport définitif, à ce moment-là, on pourra se prononcer sur les différentes conclusions. Donc voici pourquoi jusque-là je n’ai pu rien dire et je ne pourrai pas dire plus.
Monsieur le député, à supposer que ce cabinet n’accède pas à votre requête, est-ce que vous allez toujours garder ce silence ?
*Honorable Bako* : Si le cabinet n’accède pas à cette requête alors le peuple va tirer les conclusions. Et peut-être que si le processus évoluait autrement, forcément on doit pouvoir parler. Mais que le cabinet dise tout au moins que le rapport-là est réellement son rapport définitif. Je sais de quoi je parle et toutes les personnes informées ainsi que tous les connaisseurs savent de quoi je parle.
Le conseil des ministres a circonscrit une période bien déterminée à savoir 2013-2016. Est-ce que comme toutes les autres personnes incriminées, vous ne voyez pas un acharnement typique parce que la période aurait pu aller jusqu’en 2000 ?
Honorable Bako : Il faut dire que l’acharnement est clair. Ceci connu de tous les Béninois. Le répéter à mon avis est une redondance. Mais pour ce qui me concerne moi Idrissou Bako, la période incriminée 2013-2016 ne me pose aucun problème. Lorsque vous entrez dans cette polémique, c’est comme si vous dites ‘’oui, certes, on a mal géré mais pourquoi c’est de nous on veut parler et on ne veut pas parler des autres’’. Je ne veux pas entrer dans cette polémique. Je veux qu’on se concentre tous sur la période 2013-2016. C’est à ce niveau-là qu’on fera la défense. Pour les autres périodes, le peuple béninois est suffisamment mûr pour comprendre mais je ne veux pas entrer dans cette polémique. On va rester sur 2013-2016. Mais je veux juste avoir l’affirmation que ce rapport est effectivement le rapport définitif. Je ne veux pas mener un raisonnement. Je ne veux pas mener un argumentaire pour que demain, un cabinet puisse trouver l’argument consistant à dire ‘’ce n’était pas mon rapport. C’est entre politiciens qu’ils se sont réglés des comptes’’. Je veux qu’il dise que c’est réellement son rapport définitif. A ce moment-là on va voir comment la procédure pourra être conduite.
On a ouï-dire dans nos recherches que ce n’est pas une première fois que le cabinet Mazars intervient à la Sonapra, est-ce que vous confirmez cette information si c’est le cas, est-ce que le cabinet était déjà passé sous votre gestion entre-temps avant d’avoir à connaitre de la liquidation de cette société ?
*Honorable Bako* : Permettez-moi d’être moins bavard, je vous en prie. Je vous en prie. Je vous en prie. Je vais juste dire oui. Oui, ce cabinet avait déjà audité la Sonapra au cours de la campagne 2012-2013. Et à ce moment-là, c’était sous l’égide de la Boad. Et le cabinet avait été choisi à l’issue d’une compétition. Il y a d’abord eu en effet un appel à candidature organisé par la Boad. C’est à la suite du processus de sélection que le cabinet avait fait le travail. Personne ne m’a fait de reproches à ce moment-là. J’ai pu continuer. S’il y avait de reproches, on aurait pu me décharger. Ou on aurait pu me faire des remontrances. Je n’en ai pas reçu.
Est-ce à dire qu’il n’y a pas eu de rapport eu égard à ce premier audit ?
*Honorable Bako* : Je n’ai aucune idée monsieur le journaliste. Je vous en prie. Je veux m’en tenir à ça. Avant de dire quoi que ce soit par rapport à cet audit ou par rapport à ce communiqué du conseil des ministres, je veux juste savoir s’il s’agit du rapport définitif ou pas. C’est tout.
Merci honorable député.
Honorae Bako : Je vous en prie.
Propos recueillis par Aboubakar TAKOU